Durandus on the Saturday in the December Embertide




Durandi Rationale divinorum officiorum, 6,10. 
[pdf latina p 424, pdf gallicana p 212]

Summa 1. Sabbato Quatuor temporum Adventus, quatuor lectiones tantum veteris Testamenti leguntur. Et quid ita. Limit. num. 4. 2. Justitiae beneficium. 3. Jejunium quodnam perfectissimum omnium. 5. Lectiones cur Romae legantur graece et latine. 6. Evangelium cur dicat noviter ordinatus: item cur et Epistolam.


1. In die sabbati dicuntur quatuor lectiones de veteri Testamento ante lectionem illam: Angelus Domini, quae sumuntur de lege et prophetis. In quibusdam Ecclesiis prima est: Clamabunt, quae est Isaiae, c. 19; secunda est: Laetabitur, quae est ejusdem, c. 35; tertia est: Super montem, quae est ejusdem, c. 60; quarta est: Christo meo, quae est ejusdem, c.45. Ideo autem sunt quatuor, quia quatuor sunt ordines benedicentium Deum, videlicet praelati, clerici, religiosi, et laici, sive populus, quos Propheta enumerat dicens: Domus Israel benedicite Domino, per hoc populus; domus Aaron benedicite Domino, per hoc praelati; domus Levi benedicite Domino, per hoc ministri; Qui timetis Dominum benedicite Domino (Psalm 134), per hoc religiosi intelliguntur. Prima ergo lectio pertinet ad populum, secunda ad praelatos, tertia ad ministros, quarta ad omnes religiosos.

[I]n his enim lectionibus informantur ordinandi, ut ad exempla sanctorum patrum dictorum quatuor ordinum, cum eis benedicant Dominum, sive ut benedictio illorum veniat super eos. Vel ideo quatuor leguntur, quia jejunans debet habere quatuor cardinales virtutes, scilicet temperantiam, quia ipsum jejunium temperantium est; prudentiam, unde Apostolus: Rationabile (sit) obsequium vestrum (Rom 12 ); fortitudinem, unde in Proverbiis de muliere forti, idest de Ecclesia: Accinxit fortitudine lumbos suos (Prov ult.), quia oportet nos multum laborare ad hoc, ut caro nostra muoda sit, quod cum magna sit pugna, quia valde corrupta est, et spinas et tribulos germinat, et ideo cum magna attritione venit ad candorem, sicut et byssus; et justitia, unde Isaias: Et erit justitia cingulum lumborum ejus, et fides cinctorium renum ejus (Isai 11), de Christo loquitur in membris.

1. Le samedi, avant la leçon Angélus Domini, on dit quatre leçons de l'Ancien-Testament, tirées de la loi et des prophètes, et dans certaines églises la première est: Clamabunt, qui est d'Isaïe (19); la seconde est: Laetabitur, du même prophète (35); la troisième: Super montem, du même encore (40); la quatrième: Christo meo, qui est du même (45). Elles sont au nombre de quatre, parce qu'il y a quatre ordres de fidèles qui bénissent Dieu, c'est-à-dire les prélats, les clercs, les religieux et les laïques ou le peuple, que le Psalmiste énumère en disant: Domus Israël, benedicite Dominum, Maison d'Israël, bénissez le Seigneur,  qui désignent le peuple; Domus Aaron etc., qui désignent les prélats; Domus Levi etc., qui désignent les ministres. Qui timetis Dominum etc., Vous qui craignez le Seigneur, bénissez le Seigneur, se rapportent aux religieux. La première leçon se rapporte donc au peuple; la seconde a trait aux prélats, la troisième aux ministres, la quatrième à tous les religieux. Ces leçons apprennent aux ordinants qu'à l'exemple des saints Pères des quatre ordres précités, ils doivent bénir Dieu ou bien attirer sur eux leur bénédiction. Ou bien encore on lit quatre leçons, parce que celui qui jeûne doit posséder les quatre vertus cardinales; c'est-à-dire la tempérance, parce que le jeûne n'est autre chose que la tempérance; la prudence, d'où l'Apôtre dit: Que votre obéissance soit raisonnable; la force, d'où la fin des Proverbes, parlant de la femme forte, c'est-à-dire de l'Eglise, s'exprime ainsi: Elle a ceint ses reins de force, parce que ce n'est qu'à force de sueurs et de travaux que notre chair devient pure; ce qui n'arrive qu'après de violents combats, parce que sa corruption est grande, qu'elle produit des épines et des chardons, et ce n'est qu'à travers la tribulation et le laminoir (pour ainsi dire) qu'elle arrive à la candeur et à la pureté,comme le byssus. Pour cequi est de la justice, Isaïe dit: Et la justice sera la ceinture de ses lombes, et la foi le baudrier de ses reins. (Il parle du Christ dans ses membres.)


2. Quando enim fit justitia in terra, recedunt latrones; similiter quando justitia fit a nobis,  recedunt pravi motus, et non superant, licet in nobis habitent. Si vero non fiat justitia, non recedunt; unde Isaias: Et erit opus justitiae pax (Isai 32). Fides autem est cinctorium renum ejus (Isai 11), quia ut dicit Gregorius: Despectus terrenorum restringit fluctus carnalium voluptatum.


2. Car, lorsque justice se fait sur la terre, les voleurs disparaissent; de même, quand nous avons la vertu de justice, les mouvements désordonnés s'éloignent de nous et ne conservent plus d'espérance, tout en restant en nous. Mais, si nous n'avons pas la justice, ils ne s'éloignent pas; d'où Isaïe: Parce que nous ne faisons pas la justice, ceux qui habitent la terre ne se sont pas éloignés; où est la justice là est la paix. La foi est la ceinture de ses reins, parce que, comme dit Grégoire, le mépris des choses terrestres réprime le flot des voluptés charnelles.


3. Unde si jejunas a cibis corporis, oportet ut jejunes a cibis daemonis, et comedas cibos mentis; qui autem sic jejunat, non nocebit ei ignis tribulationis, nec ignis mundanus, sicut nec tribus pueris nocuit ignis fornacis Babylonis, et ideo sequitur lectio Danielis: Angelus Domini (Dan 4). Praecedit autem ipsa lectio ordinationem clericorum, ad notandum quod nemo rite potest ad consecrationem accedere, nisi prius transeat per fornacem, atque in fornace Deum benedicat, juxta illud Ecclesiastici: Vasa figuli probat fornax, et homines justos tentatio tribulationis (Eccl 27), quia qui ad sacrum accedunt ministerium, probandi sunt in camino multarum tribulationum et tentatio num, juxta illud Apostoli: Et hi probentur primum: et sic ministrent (I Tim 3). Propter ordinandos enim legitur, ad significandum quod sic vivere deberent, ut non noceat eis aliquis ignis regis Babylonis, idest diaboli, sicut ignis tribus pueris non nocuit. Et sequuntur benedictiones, scilicet hymnus: Benedictus es, Domine, etc., quia post probationem coronantur, et a Domino benedicentur. Et in fine subjicitur versus: Gloria Patri, etc., in laudem et in honorem Trinitatis, quod non fit post psalmum Benedicite, tum quia ibi in ultimo versu fit mentio de Patre, et Filio, et Spiritu sancto, tum quia ibi in facto trium puerorum tota Trinitas fuit dehonestata; hi vero versus praecedentes ad solius Patris pertinent laudem, et in ordinandis Trinitas honoratur. Choro autem licet sedere, dum lectio ipsa dicitur, sed non in cantu; aliud enim significat ipsa lectio in legendo, aliud in cantando, unde nunc stare debet Episcopus et clerus, quoniam non debemus quiescere, quia scimus pueros illos pro Deo laborasse.

3. Ainsi, si tu jeûnes des nourritures du corps, il faut que tu jeûnes aussi des nourritures du démon et que tu manges les nourritures de l'esprit. Celui qui jeûne ainsi n'aura rien à souffrir du feu de la tribulation et du feu du monde. De même que le feu de la fournaise de Babylone ne fit aucun mal aux trois enfants, c'est pourquoi suit la leçon Angélus Domini (de Dan 4). Or, la leçon précède l'ordination des clercs, pour marquer que personne ne peut régulièrement s'approcher de la consécration, à moins d'avoir passé auparavant par la fournaise et qu'il ne bénisse Dieu dans la fournaise, d'après ces paroles de la Sagesse: La fournaise éprouve les vases de terre, la tentation de la tribulation éprouve les hommes justes, parce que ceux qui s'approchent du ministère sacré doivent être éprouvés, dans la fournaise, de beaucoup de tribulations et de beaucoup de tentations, d'après ces paroles de l'Apôtre: Qu'ils soient d'abord éprouvés, et qu'ainsi ils pratiquent le ministère. Car on lit cette leçon pour les ordinants, afin de marquer qu'ils doivent vivre de telle sorte qu'aucun feu du roi de Babylone, c'est-à-dire du diable, ne leur nuise, de même
que le feu de la fournaise ne nuisit pas aux trois enfants. Suivent après les bénédictions, c'est-à-dire l'hymne Benedictus es, Domine 
etc. Et comme, après l'épreuve, ils sont couronnés et sont bénis du Seigneur, à la fin on ajoute, à la louange et en l'honneur de la Trinité, le verset Gloria Patri, qui ne se dit point après le psaume Benedicite, tant parce que dans le dernier verset on fait mention du Père, du Fils et du Saint-Esprit, que parce que, dans le trait des trois enfants, toute la Trinité fut honorée. Or, ces versets précédents se rapportent à la gloire du Père seul, et dans les ordinants la Trinité se trouve honorée. Il est permis au chœur de s'asseoir pendant la lecture de la leçon, mais non pas quand elle est chantée; car la leçon, quand elle est lue, n'a pas la même signification que quand elle est chantée: ce qui fait qu'alors l'évêque et le clergé doivent se tenir debout, parce que nous ne devons pas nous reposer, sachant que les trois enfants ont travaillé (ou souffert) pour la gloire de Dieu.


4. Dicuntur autem in sabbatis jejuniorum septem lectiones, Evangelio connumerato, eo quod septem sunt Ordines; et quidam dicunt duodecim pro eo quod antiquitus (Romae et adhuc Constantinopoli fieri dicitur) legebantur graece et latine, et legebantur duodecim lectiones per duodecim  lectores, quorum sex erant graeci et sex latini. Erant tamen solummodo sex in sententiis, quoniam illae sex sine Evangelio, quae legebantur latine, legebantur et graece, sicut si dixerimus amen, et postea dixerimus vere, non ideo duae res erunt.


4. Les samedis des jeûnes, on lit sept évangiles disposés en forme de leçons, à cause des sept ordres. Certains en disent douze, parce qu'anciennement cela se pratiquait à Rome et maintenant se pratique encore, dit-on, à Constantinople. On les lisait en grec et en latin; et il y avait douze leçons et autant de lecteurs six grecs et six latins; et il n'y en avait que six en réalité pour la pensée les évangiles que l'on lisait en latin se lisant aussi en langue grecque, comme si nous disions Amen et qu'ensuite nous répétions Ainsi soit-il. Evidemment, nous n'émettrions pas deux idées différentes.


5. Ideo autem legebantur dupliciter, quia Romae erant graeci , quibus latina lingua incognita erat, vel hoc fiebat ad notandum utriusque populi unionem. Caeterum, ad orationem, quae dicitur post lectionem: Angelus Domini, scilicet, Deus qui tribus pueris, etc., non flectit Ecclesia genua, licet in orationibus aliarum lectionum ante flecteret, praeter quam in octavis Pentecostes, ad ostendendum quod Ecclesia conformis est tribus pueris. Fecit enim Nabuchodonosor statuam, et cogebat omnes adorare eam, sed tres pueri cum Daniele noluerant genua flectere ante statuam (Dan 3): tales debent esse ordinandi, qui ante statuam, idest ante mundi gloriam genua non flectant. Quare clerici ordinentur, et quare in sabbato, dictum est in Prooemio secundae partis. Quidam conferunt sacros Ordines inter lectionem Angelus, et Epistolam Pauli, ut post ordinationem proponant ordinatis Epistolam et Evangelium ad instar boni pastoris, qui mittens filium, monet eum quid et qua liter acturus sit. Ordinati enim per capellas mittendi per Epistolam monentur, ut alios corripientes benedictionem quam acceperunt custodiant. Per Evangelium vero dicitur: Euntes, docete omnes gentes (Matt 28) . Nonnulli etiam subdiaconatu ante Epistolam, ratione praemissa, praestito, continue posteam diaconatum et sacerdotium praebent, quibus praestitis, in vocem laetabundam erumpunt, dicentes: Benedictus es Domine, eo quod hi praesertim Ordines invitantur ad laudes, et praestantur citra Evangelium, et quia Moyses et Aaron levitas in tabernaculi ministerium ordinaverunt, et Christus septuagintaduos ordinatos ad praedicandum misit (Luc 10).

5. Or, on les disait dans les deux langues, parce qu'à Rome il y avait des Grecs auxquels la langue latine était inconnue, et il y avait aussi des Latins qui ignoraient la langue grecque. Ceci se faisait peut-être aussi pour marquer l'union des deux peuples; mais, à l'oraison qui se dit après la leçon Angélus Domini, savoir : Deus qui tribus pueris, l'Eglise ne fléchit point le genou, bien qu'elle le fléchisse avant les oraisons des autres leçons, excepté dans l'octave de la Pentecôte, pour montrer que l'Eglise se modèle sur les trois enfants. Car Nabuchodonosor fit une statue, et il forçait tout le monde de l'adorer; mais les trois enfants, avec Daniel, refusèrent de fléchir les genoux devant la statue. Ainsi doivent se montrer les ordinants, qui ne doivent point fléchir les genoux devant la statue, c'est--à-dire devant la gloire de ce monde. Nous avons dit dans la préface de la seconde partie pourquoi les clercs sont ordonniés, et pourquoi ils le sont le samedi. Quelques évêques confèrent les ordres sacrés entre la leçon Angélus et l'épître de saint Paul , afin qu'après l'ordination ils proposent à ceux qui sont été ordonnés l'épître et l'évangile comme modèles à suivre, à l'exemple du bon pasteur qui, sur le point d'envoyer on Fils, l'avertit de ce qu'il doit faire et lui dit comment il le doit faire. Les ordonnés , sur le point d'être envoyés pour desservir les chapelles, sont avertis par l'épître de ne pas, en reprenant les autres, perdre la bénédiction qu'ils ont reçue. Par l'évangile on leur dit : Allez, enseignez toutes les nations. Quelques-uns encore donnent le sous-diaconat avant l'épître, pour la raison précitée; puis, après l'épître, continuent de conférer le diaconat et la prêtrise, après quoi, d'une voix pleine d'allégresse, ils entonnent et chantent le Benedictus es, Domine où ces ordres surtout sont invités à louer Dieu; et ils sont conférés avant l'évangile , parce que Moïse et Aaron ordonnèrent les lévites pour le ministère du tabernacle, et que
le Christ, l'ordonnateur des soixante-douze disciples, les envoya prêcher l'Evangile.


6. Debet ante legi Epistolam, scilicet Rogamus etc., quae est prima ad Thess., c. 2., ab aliquo de ordinatis die ipsa, quia Episcopus debet prius ordinatos admonere, et postea ad majorem admonitionem Epistolam illis tradere. Praeterea, ordinatus doctrinam sibi in ordinatione traditam per hoc se reducere in opus ostendit: propter eamdem etiam rationem unus de noviter ordinatis legit tunc Evangelium Anno quintodecimo, quod est Luc., c. 3. Post Epistolam etiam cantatur Tractus, qui significat gravitatem, quam sacratus seu ordinatus servare debet, ne in superbiam elatus, in judicium incidat diaboli (I Tim 3). Communio est: Exulta satis, quae est Zachariae, c. 9.

6. Un des ordonnés de ce jour-là doit lire l'épître Rogamus etc., qui est la seconde aux Thessaloniciens (2), parce que l'évêque doit d'abord avertir les ordonnés, et ensuite, pour plus grand avertissement encore, leur livrer l'épître. En outre , l'ordonné montre par là qu'il met en pratique la doctrine qui lui a été présentée dans l'ordination. Pour la même raison encore, un des nouveaux ordonnés lit l'évangile Anno quintodecimo qui est de saint Luc (3). Après l'épître, on chante encore le trait , qui signifie la gravité que celui qui a été consacré et ordonné doit conserver, de peur qu'enflé par 
l'orgueil il ne tombe dans les filets du diable. La communion est: Exulta satis, de Zacharie (9).


LDVM




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