Durandus on the other fasts in the Church's year...

 



Post Nonam. Have not made it much beyond the summa but am, however, interested in number 10, 'the fast of compassion'-- what will that prove to be?

Saint Lucy's Day, post Missam. Durandus's references to various distinctiones are to the divisions called by that name of the Glossa ordinaria, I guess, not to some particular work of a specific individual. Ought to have realised that days ago.

Post Nonam. I have finally finished copying and correcting the Latin of chapter 7. Eh.

Post Vesperas in Festo Sancti Eusebii. I'm giving up on regularising the format, justifying etc. Blogger just doesn't like mixing fonts and font sizes, I think. 

Rationale divinorum officiorum 6,7. [pdf latina p 417; pdf gallicana p 196]


Summa 1. Jejunium quid. Et num. 2. Et unde dicatur, num. 3. 4. Jejuniis inest auctoritas ex tribus. 5. Jejunii commendatio et vis. 6. Jejunium aliud, quam multiplex. Et eorum particularis discussio, num. 7. 8. Vigiliae quid, unde dictae, et cur sublatae. 9. Votorum multiplex differentia. 10. Jejunium compassionis. Et quotupliciter fiat ipsa compassio, num. 11. 12. Jejunia quae ab Ecclesia institula.
13. Jejunare qui teneantur. [14. seems to be missing in this summa, and there is no paragraph 14, either] 15. Jejunium solvere ante horam peccatum. 16. Jejunandum an sit in vigiliis Apostolorum, et quorum. Et num. 17. 18. 19. 20. Jejunium habent inter martyres solus Laurentius, inter confessores Martinus. 21. Jejunium non solvunt servi praegustantes cibos. 22. Piscis caro cur non interdicitur in jejunio.



1. Quia de jejuniis Quatuor temporum mentio facta est, consequens est ut de aliis jejuniis hic aliqua perstringamus. Est autem jejunium communis omnium membrorum satisfactio, ut scilicet membra satisfaciant secundum peccatum quod commiserunt vel gesserunt, ut si gula peccavit, jejunet, et sufficit, quia enim sola fuit in culpa, sola sit in poena. Similiter si oculus; unde Jeremias: Oculus meus depraedatus est animam meam (Thren. 3), et Augustinus: Oculo nihil est nequius, et sic de aliis membris.

1 Or, le jeûne est la satisfaction commune de tous les membres, c'est-à-dire est institué pour que les membres satisfassent suivant le péché qu'ils ont commis ou fait, de manière que, si c'est par la gourmandise que l'on a péché, on fasse jeûner la bouche, et cela suffit, parce que, comme la bouche seule a péché, seule aussi elle doit subir la peine; il en est de même pour l'œil. C'est pourquoi Jérémie dit: Mon œil a porté le ravage dans mon ame, et par les fenêtres de mes yeux la mort a pénétré dans mon ame; et saint Augustin: Rien de plus pervers et de plus méchant que l'œil; et ainsi des autres membres.

2. Vel jejunium est parsimonia victus et abstinentia ciborum . Augustinus dicit: Maximum et perfectum jejunium est abstinere ab iniquitatibus, et a carnis voluptatibus, et delectationibus hujus saeculi; unde Pius Papa (De Consec. dist. 5. Nihil.) ait: 'Nihil prodest orare, et jejunare, nisi mens ab iniquitate, et ab obtrectationibus lingua cohibeatur'.

2. Ou bien encore le jeûne est un retranchement et une abstinence de nourriture. Saint Augustin dit que le jeûne le plus grand et le plus parfait, c'est de s'abstenir de l'iniquité, des voluptés de la chair et des plaisirs du siècle; d'où le pape Pie (De consec. d. 5): Rien, dit-il, rien ne sert de prier et dejeûner, si l'ame ne s'éloigne de l'iniquité, et si la langue ne met un frein à ses médisances et à ses calomnies.

3. Et dicitur jejunium a jejuno, quod est quoddam intestinum in homine, quod semper est vacuum et subtile; sic et nos jejunantes debemus esse vacui a superfluis, et a vitiis tam in corpore quam in mente.

3. Jeûne vient de jejuno, qui est un intestin de l'homme qui est toujours vide et fort mince; ainsi, en jeûnant nous devons toujours être vides, c'est-à-dire exempts des superfluités tant du corps que de l'ame.

4. Auctoritas jejunii est ex tribus: ex persona, et ex loco , et ex tempore. Ex persona, quia praecepit Deus Adae et Evae, ut abstinerent a fructu ligni scientiae boni et mali. Ex loco, quia in paradiso institutum fuit, et initium habuit (36. dist. 6 [is this still Pope Pius? I don't know]). Ex tempore, quia ab antiquo praeceptum est celebrari; creato namque homine in primo mundi exordio dictum fuit ei: De ligno scientiae boni et mali ne comedas (Gen. 2), et quia fuit celebratum ante legem a Moyse, et sub lege ab Helia, et in tempore gratiae a Christo. Moyses enim non comedit, neque bibit quadraginta diebus. Helias quoque ambulavit quadraginta diebus, et quadraginta noctibus in fortitudine subcinericii panis, et Christus quadraginta diebus et quadraginta noctibus jejunavit. Fuit etiam celebratum in sex aetatibus, nam in ea aetate, quae fuit ab Adam usque ad Noe, fuit abstinentia carnium et vini (30 dist. Ab exordio); a Noe vero in posterum fuit concessum vinum et carnes, et sic de caeteris aetatibus.

4. L'autorité du jeûne dérive de trois choses: de la personne, du lieu et du temps. De la personne, parce que Dieu ordonna à Adam et Eve de s'abstenir du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal. Du lieu, parce que c'est dans le paradis qu'il fut institué et qu'il commença (36, d. 6). Sous le rapport du temps, parce que dès l'antiquité, dès que l'homme fut créé, le jeûne lui fut enjoint, et au commencement du monde il lui fut dit: Ne mange pas du fruit de l'arbre de la science du bien et du mal; parce qu'il fut observé avant la loi par Moïse; sous la loi, par Elie, et dans le temps de la grâce par le Christ; car Moïse ne mangea ni ne but pendant quarante jours; Elie marcha courageusement pendant quarante jours et quarante nuits, ne mangeant que du pain cuit sous la cendre, et le Christ jeûna quarante jours et quarante nuits. Le jeûne fut observé pendant les six âges du monde. Dans l'âge qui s'écoula depuis Adam jusqu'à Noé, on s'abstint de la chair et du vin (30 d. Ab exordio). A partir de Noé, la chair et le vin furent permis, et ainsi des autres âges.

5. Commendatur autem jejunium exemplis, quoniam Eva quandiu jejunavit et abstinuit, in paradiso et virgo permansit. Adam quia jejunium violavit, a deliciis paradisi in summam miseriam corruit. Helias, quia jejunavit, in coelum curru igneo raptus est. Moyses post jejunium, cum Deo locutus est. Jerusalem per jejunium liberatur a Sennacherib, tempore regis Ezechiae et Isaiae. Jona quoque praedicante praestatur venia Ninivitis in sacco et cinere, et jejunio poenitentiam agentibus. Jejunamus etiam exemplo Apostolorum, ut dicetur sub Quarta Feria Pentecostes.

5. Or, le jeûne est recommandé par des exemples. Tant qu'Eve jeûna et garda l'abstinence dans le paradis, elle demeura vierge. Quand Adam eut violé le jeûne, il tomba des délices du paradis dans la plus profonde misère. Elie, à cause de son jeûne, fut ravi au ciel dans un char de feu. Moïse, après avoir jeûné, s'entretint avec Dieu. Jérusalem, par le jeûne, est délivrée de Sennachérib, au temps du roi Ezéchias et d'Isaïe. A la prédication de Jonas, les Ninivites font pénitence sur le sac, sur la cendre et par le jeûne, et obtiennent leur pardon. Nous jeûnons aussi à l'exemple des apôtres, comme on le dira le Mercredi de la Pentecôte.

6. Porro jejunium aliud corporis est et carnis, aliud mentis, aliud avaritiae, aliud fastidii, aliud dispensationis, aliud devotionis, aliud votivae promissionis, aliud suppletionis, aliud compassionis, aliud inspirationis, aliud circumspectionis, aliud rationabile, aliud irrationabile, aliud qualitatis, aliud quantitatis, aliud numeri, aliud summae exactionis, aliud alterantis, aliud zorophagiae, aliud moeroris, aliud exultationis, aliud vanitatis, sive hypocrisis, aliud virtutis, sive charitatis, aliud indictionis, aliud necessitatis, aliud institutionis, aliud voluntatis, aliud pravitatis.

6. Or, autre est le jeûne du corps et de la chair, autre est
celui de l'ame, autre celui de l'avarice; autre est le jeûne fastueux, autre celui de la dispensation ou dispensé, autre celui
de la dévotion, autre celui des promesses votives, autre celui
de supplément, autre celui de la compassion, autre celui de
l'inspiration, autre celui de la circonspection, autre le jeûne
raisonnable, autre le jeûne déraisonnable, autre celui de la
qualité, autre celui de la quantité, autre celui du nombre, autre
celui qui est d'une stricte rigueur, autre le jeûne alternatif,
autre celui de la xérophagie, autre celui du chagrin, autre
celui de l'allégresse, autre celui de la vanité ou de l'hypocrisie,
autre celui de la vertu ou de la charité, autre celui d'indiction,
autre celui de nécessité, autre celui d'institution, autre celui
de la volonté, autre celui de la perversité.

7. Sane, jejunium corporis et carnis est quando quis abstinet a cibis, ne nimis pinguescat, vel ut ab infirmitate liberetur, vel quia comedere non potest; et hoc nullius est meriti. Jejunium mentis est, quando quis abstinet se a vitiis, et etiam a cibis, ne caro pinguescat lasciviis. Jejunium avaritiae, ut bursae parcatur. Jejunium fastidii est quod fit ut appareat. Jejunium dispensationis est quod celebratur in vigiliis solemnium dierum et magnarum festivitatum, ut Natalis Domini.

7. Le jeûne du corps et de la chair existe quand on s'abstient de nourriture pour ne pas trop engraisser, pour se délivrer d'une maladie, ou bien parce qu'on ne peut manger; et il n'y a pas de mérite dans ce jeûne. Le jeûne de l'esprit ou de l'ame ['Faine' is what originally copied here: was on the verge of looking the word up but checked the pdf first] consiste à s'abstenir des vices , ou même à se priver de
nourriture, pour réprimer l'incontinence de la chair. Le jeûne de l'avarice est l'action de celui qui ne pratique le jeûne que pour épargner sa bourse. Le jeûne fastueux est celui que l'on fait pour qu'il frappe les yeux des hommes. Le jeûne de dispense est celui qui s'observe aux vigiles des jours solennels et des grandes festivités.

8. Quae ideo dicuntur vigiliae quoniam antiquitus in praecipuis civitatibus quo nocturnalia agebantur officia, et populus, qui ad festa venerat, tota nocte in Dei laudibus in Ecclesia vigilabat, quod adhuc Romae et in plerisque locis in magnis festivitatibus, praesertim sanctorum patronorum Ecclesiarum observatur. Sed quia lusores et cantores conveniebant, et turpibus cantilenis et saltationibus, et comessationibus, potationibus, et fornicationibus intendere coeperant, propter haec et multa alia inconvenientia, quae fiebant, hujusmodi vigiliae sunt interdictae, et institutum ut loco earum fiant jejunia : quae jejunia adhuc retinent nomen officii, nam communiter vigiliae et non jejunia nuncupantur. Si quis tamen jejunaret, et honeste in Ecclesia vigilaret, utique bene faceret, prout fit in nativitate Joannis Baptistae, propter ejus reverentiam. Haec igitur institutio dicitur dispensatio, quia jejunium ponitur loco vigiliarum: de hoc dictum est in quarta parte, sub titulo De Nocturnis. Jejunium devotionis est ad quod quis necessario non tenetur, quod inferius voluntarium appellatur. Jejunium votivae promissionis est, ut si quis vovet quod certa die jejunabit, vel a carnibus abstinebit.

8. Tel est le jeûne de la vigile de Noël. Ces jours se nomment vigiles, parce qu'anciennement, dans les grandes villes on célébrait deux offices de nuit, et le peuple qui s'était rendu à la fête veillait toute la nuit dans l'église, en chantant les louanges de Dieu, comme cela se pratique encore à Rome et dans la plupart des pays, aux grandes festivités, surtout à celles des saints patrons des églises. Mais comme il s'y rendait des joueurs et des chanteurs qui y faisaient entendre des
chansons obscènes, se livrant à la danse, aux excès du manger
et du boire et à l'impureté, à cause de ces profanations et de
beaucoup d'autres inconvénients encore, ces vigiles ou veilles ont été interdites, et on a décrété qu'on l'es remplacerait par des jeûnes qui gardent encore le nom de l'office et se nomment communément vigiles et non pas jeûnes. Cependant celui qui jeûnerait et veillerait honnêtement dans l'église, agirait saintement, comme cela se pratique la veille de la Nativité de saint Jean-Baptiste, à cause de la grande vénération que l'on a pour ce saint. Ce jeûne se nomme jeûne de dispensation ou dispense, parce que le jeûne remplace les vigiles ou veilles. Nous avons traité ce sujet au chapitre de Nocturnes, dans la cinquième partie. Le jeûne de dévotion est celui au-|quel on n'est pas nécessairement astreint et que, plus bas, nous appelons volontaire. Le jeûne de promesse votive est celui que l'on fait vœu d'observer à jour fixé, soit que l'on promette de jeûner ou de s'abstenir de viandes.

9. Et nota, quod vota ex discretionis consensu, comite ratione emissa, Deo reddenda sunt, juxta illud: Vovete et reddite Domino Deo vestro (Psal. 75). Votorum autem aliud est necessitatis, aliud sponta neae voluntatis. Necessitatis est, quod est fidei annexum, ut quod fit in baptismo, puta fidei catholicae professio, et Satanae abrenuntiatio, ut votum observationis decem praeceptorum legis et continentiae, quam quis in susceptione sacri ordinis vovet, et talia vota quisque inviolabiliter observare tenetur. Spontaneorum vero votorum aliud est indiscretum, aliud discretum. Indiscreta sunt vota puerorum et puellarum, dum sunt in parentum potestate, unde illis voventibus irritari possunt. Si igitur puella intra nubiles annos voverit castitatem perpetuam, licite nubere poterit, parentibus, vel curatoribus illam ad hoc cogentibus. Indiscretum est etiam votum mulieris in potestate viri existentis, unde si illo inscio noverit peregrinari, vir votum hujusmodi poterit revocare, quia ipsa non habet potestatem sui corporis, sed vir. Indiscretio etiam attenditur quandoque circa provectos et liberos, ut si forte quis voverit, ad quod perficiendum sufficere nequit, vel in quo natura ita debilitaretur, quod posset fieri sui ipsius homicida, vel quod sine licentia alterius complere nequit, vel quod non ex deliberatione, sed ex iracundiae calore emittitur, talia potius sunt spernenda, quam executione digna. Jejunium suppletionis est, ut si quis ultra pecuniam sibi a sacerdote injuncta aliquid suppleat de suo.

9. Et remarque que les vœux que l'on fait avec discrétion, et qui sont conformes à la raison, doivent être remplis envers Dieu , d'après ces paroles: Vovete et reddile Deo vota vestra, Faites des vœux, et accomplissez-les à l'égard de Dieu. Or, parmi les vœux, ceux qui dérivent de la nécessité sont bien différents de ceux qui viennent de la volonté spontanée. Les vœux de nécessité sont ceux qui sont intimement liés à la foi, comme par exemple, dans le baptême, la profession de foi catholique et la renonciation à Satan; comme le vœu d'observer les dix préceptes de la loi, de pratiquer la continence que fait celui qui reçoit les ordres sacrés. Chacun est tenu d'observer inviolablement ces vœux. Parmi les vœux volontaires, les uns sont
indiscrets, les autres discrets. Les vœux indiscrets sont ceux des jeunes garçons et des jeunes filles qui sont sous la puissance
paternelle; aussi leurs vœux peuvent-ils être annulés. Si donc une jeune fille dans l'âge nubile fait vœu de chasteté perpétuelle, elle peut licitement se marier si ses parents ou ses curateurs l'y contraignent. Le vœu même d'une femme est indiscret, quand elle est en puissance de mari. Ainsi, si à l'insu du mari elle fait vœu de se rendre en pèlerinage, le mari peut annuler ce vœu, parce que la femme n'est pas maîtresse de son corps; c'est l'homme qui en est le maître. Les vœux sont encore indiscrets quand ils sont formés par des vieillards ou
des enfants qui sont dans l'impossibilité de les accomplir, ou par des personnes qui sont d'un tempérament si faible qu'elles ne pourraient les accomplir sans être leurs propres meurtriers; quand ils ne peuvent être accomplis sans la permission d'un tiers; quand ils sont formés sans réflexion et dans l'impétuosité de la colère. De tels vœux méritent plutôt d'être ajournés (speranda) que d'être mis à exécution. Le jeûne de supplément (ou surérogation) a lieu quand, à la pénitence que est prescrite par le prêtre, on ajoute quelque chose de soi- même.


10. Jejunium compassionis est, ut si sacerdos alicui dicat: pro hoc peccato fac cantare duas Missas, et jejuna, et ego pro te cantabo, et tres dies jejunabo. Propter hoc tamen debet aliquid recipere, quia sacerdos debet compati proximo suo, et orare pro eo, etiam jejunare. Potest dici compassio, ut quis petit a sacerdote poenitentiam patri suo injunctam, ut pro patre peragat ob patrem illius.

10. Le jeûne de compassion a lieu quand un prêtre dit à une fidèle: Pour ce péché que tu as commis, fais chanter deuesses et jeûne, et moi je chanterai et jeûnerai pour toi pendant trois jours (pour cela, pourtant, il doit recevoir quelque chose), parce que le prêtre doit être compatissant pour son prochain, doit prier et même jeûner pour lui. On pourrait encore appeler compassion l'action d'un fils qui demanderait à un prêtre à partager la pénitence enjointe à son père.


11. Quatuor enim modis fit hujusmodi compassio, quandoque per sacrificia, quandoque per jejunia, quandoque per orationes, quandoque per eleemosynarum elargitionem. Jejunium inspirationis est ut in beato Nicolao, qui adhuc infans et manens in cunabulis, tribus diebus in hebdomada a mammillis matris suae abstinebat, vel , ut alii dicunt, quarta feria et sexta semel tantum sugebat mammillas. Jejunium circumspectionis est, quando pro aliqua imminente tempestate, pro periculo hostium, vel pro casu cujuslibet angustiae jejunamus. Jejunium rationabile est, quando cibum et potum moderate sumimus, nec naturam debilitamus; unde Apostolus: Rationabile [sit] obsequium vestrum (Rom. 12), non in commessationibus, et ebrietatibus (Rom. 13). Irrationabile est si quis velit jejunare per duos vel per tres dies, vel per totam hebdomadam, quod non approbat Deus; vult enim hominem sic jejunare, ut cogatur natura vitiis mori, non ut cogatur dissolvi, unde prohibetur jejunium quod quidam faciunt a Coena Domini usque ad Pascha. Jejunium qualitatis est, si quis vovet se ulterius non comesturum carnes. Jejunium quantitatis est si quis comedat ad pondus, vel ad mensuram,
non plus una die quam altera, vel si quis voveat se non comesturum nisi tanti ponderis panem. Jejunium numeri est quando quis vovet, quod de caetero non comedet nisi una vice in die, cogitans quod comedere pluries in die belluarum est, et comedere bis hominum, semel angelorum. Jejunium summae exactionis est in his qui non comedunt nisi olera, radices, et herbas, ut Joannes Baptista in deserto, et Maria aegyptiaca in eremo, quae cum duobus panibus tantum Jordanem transiens austeram vitam in eremo quadragintaseptem annis egit. Jejunium alternitatis est, ut cum quis uno die comedit, et alio die jejunat. Jejunium zorophagiae est sicca comestio, a ζορós, quod est vinum, vel siccum, et φαγειν, quod est comedere, unde Priscianus in zorophago Bisantii: Sicca vero comestio est, ut in fructibus, pomis, piris, et castaneis, et consimilibus
Quidam tamen siccam comestionem appellant legumina, sive cruda, sive cocta, etiam si lixata comedantur cum cocleari. Jejunium moeroris consistit in uno, scilicet in abstinentia ciborum, et fit propter duo, scilicet propter corporalem abstinentiam et spiritualem sponsi: hoc repraesentat Ecclesia in tribus Quatuor temporibus. Jejunium exultationis consistit in duobus, scilicet in abstinentia ciborum, et mundanarum rerum, et fit propter unum , scilicet propter internae dulcedinis praegustationem, juxta illud: Gustate et videte. (Psal. 33). Hoc repraesentat Ecclesia in vigilia et hebdomada post Pentecosten; utrumque vero repraesentat in tempore Adventus, prout ibi dictum est. Est ergo duplex jejunium, scilicet tribulationis, et gaudii, sive moeroris, et exultationis, sicut habetur in Glossa super illo loco Matthaei: Numquid possunt filii sponsi lugere, quamdiu sponsus cum illis est? (Matt 9) Jejunium vanitatis, sive simulationis vel fictionis est in hypocritis. Jejunium virtutis, sive charitatis est in sanctis et perfectis. Jejunium in dictionis est, ut in die beati Marci. Jejunium necessitatis est in imperfectis. Jejunium institutionis est jejunium quadragesimae, et alia a sanctis Patribus instituta, quae quare instituta fuerint jam dictum est, et dicetur sub titulo De capite ieiuniorum. Et nota, quod jejunium indictionis, necessitatis, et institutionis ad idem referuntur.

11. Cette compassion se pratique de quatre manières : quelquefois par des sacrifices, quelquefois par des jeûnes, d'autres fois par des prières et aussi par des aumônes. Le jeûne d'inspiration est, par exemple, celui que pratiquait le bienheureux Nicolas, qui, encore petit enfant dans son berceau, s'abstenait, trois jours de la semaine, du lait maternel, ou qui, comme d'autres le prétendent, ne tétait sa mère qu'une fois, le mercredi et le samedi. Le jeûne de circonspection est celui que l'on observe quand on est menacé de mort par une tempête, par l'ennemi, et dans toute autre circonstance grave et dangereuse. Le jeûne raisonnable consiste à prendre le manger et le boire avec modération et sans affaiblir la nature; c'est pourquoi l'Apôtre dit: Que votre obéissance soit raisonnable; et ne
vous abandonnez pas à la gourmandise et à l'ivresse. Le jeûne
déraisonnable serait le jeûne de celui qui voudrait jeûner
pendant deux ou trois jours, ou pendant toute une semaine,
ce que Dieu n'approuve pas; car il veut que l'homme jeûne
de telle sorte que sa nature soit forcée de mourir aux vices, mais
sans être elle-même épuisée et désorganisée. Ainsi est prohibé
le jeûne que certains pratiquent depuis le Jeudi saint jusqu'à
Pâques. Le jeûne de qualité est celui qui consiste à promettre
à Dieu, par vœu, de ne plus manger de viande. Le jeûne de quantité consiste à manger au poids et à la mesure et pas plus un jour que l'autre, ou bien à faire vœu de ne plus manger qu'un pain de tel poids. Le jeûne du nombre consiste à faire vœu de ne manger qu'une fois le jour, pensant que manger plusieurs fois le jour est d'un animal, manger deux fois est d'un homme, manger une fois est d'un ange. Le jeûne de stricte rigueur est celui qui consiste à ne manger que des
légumes, des racines et des herbes, comme Jean-Baptiste dans
le désert, et Marie l'Egyptienne dans la solitude, qui. avec deux pains seulement, passa le Jourdain, mena la vie la plus austère dans le désert pendant quarante-sept ans. Le jeûne alternatif consiste à manger un jour et à jeûner l'autre. Le jeûne de la Xérophagie consiste à manger une nourriture sèche. Ce mot vient de ζαρος, vin ou chose sèche, et φαγειν, manger. C'est de là que Priscien parle du Zorophage de Bysance.

La nourriture sèche consiste dans les fruits, les pommes, les poires, les châtaignes et autres choses semblables. Certains, pourtant, nomment aliments secs les légumes crus ou cuits, même quand, avec une cuillère, on les mange bouillis. Le jeûne de chagrin ou de tristesse consiste dans une seule chose, c'est-à-dire dans l'abstinence de nourriture et des choses di monde. Il a lieu pour deux motifs, c'est-à-dire à cause de l'abstinence corporelle et spirituelle de l'époux. L'Eglise représente ce jeûne pendant les quatre-temps. Le jeûne de la joie ou de l'allégresse consiste en deux points, savoir dans l'abstinence de nourriture et des plaisirs mondains; et il a lieu pour un seul motif, c'est-à-dire à cause de l'avant-goût de la suavité  intérieure, d'après ces paroles: Gustate et videte; ce que l'Eglise
représente la veille de la Pentecôte et pendant la semaine
après cette fête. Elle représente aussi ces deux abstinences dans
la semaine de l'Avent, comme on l'a dit ci-dessus. Il y a donc deux jeûnes, c'est-à-dire de la tribulation et de la joie, ou du
chagrin et de l'allégresse, comme on le voit in globo en cet
endroit de saint Mathieu (9): Les enfants de l'époux
peuvent-ils être dans la tristesse tant que l'époux sera avec eux? Le jeûne de la vanité, de la dissimulation ou de la feinte, a lieu chez les hypocrites. Le jeûne de la vertu ou de la charité est celui des saints et de ceux qui sont parfaits. Le jeûne de surcroît ou d'indiction est, par exemple, celui du jour du bienheureux Marc. Le jeûne de nécessité se trouve chez ceux qui sont imparfaits. Le jeûne d'institution est le
jeûne du Carême et les autres, qui ont été institués par les saints Pères. Nous avons déjà dit pourquoi ces jeûnes furent institués, et nous en reparlerons au chapitre du Mercredi des Cendres, In capite jejuniorum. Et remarque que les jeûnes d'indiction, de nécessité et d'institution se rapportent au même objet.

12. Jejunia necessaria, idest per Ecclesiam instituta et indicta, sunt jejunia Quatuor temporum, et vigiliarum Apostolorum, Nativitatis Domini, beati Joannis Baptistae, omnium Sanctorum, 
assumptionis beatae Mariae, beati Laurentii, Quadragesimae, sextae feriae, praeter illas quae sunt inter Pascham et Pentecosten, et praeterquam si nativitatem Domini in ea venire contingat, nisi tunc aliqui voto vel religioni sint adstricti. Dicunt tamen quidam, quod jejunium sextae feriae non est necessitatis nisi quo ad carnes, alioquin non liceret Cisterciensibus illud mutare. Sed, secundum Leonem Papam, licet non sit necessitatis sabbato a carnibus abstinere, rationabilis tamen consuetudo, et canon Innocentii aliter interpretatur, eo quod in illo triduo post passionem Domini tota fides in sola beata virgine Maria remansit.

12. Les jeûnes nécessaires, c'est-à-dire institués et ordonnés par l'Eglise, sont les jeûnes des quatre-temps, des vigiles des apôtres, de la Nativité du Seigneur, du bienheureux Jean Baptiste, de tous les saints, de l'Assomption de la bienheureuse Marie, du bienheureux Laurent, du Carême et du vendredi des jours ouvrables, excepté ceux qui se trouvent entre Pâques et la Pentecôte, et si la Nativité du Seigneur vient coïncider avec ces jours, à moins toutefois que l'on ne soit lié par un vœu ou par la religion. Certains disent pourtant que
le jeûne du vendredi n'est pas nécessaire, qu'il n'y a de nécessaire que l'abstinence de viande; autrement il ne serait point permis aux moines de Cîteaux de le changer; mais, selon le pape Léon quoique l'abstinence de viande, le samedi, ne soit pas de nécessité, cependant cet usage est raisonnable. Le Canon d'Innocent donne une autre interprétation, assurant que, dans les trois jours qui suivirent la passion du Seigneur, toute la foi ne résida que dans la personne de la bienheureuse Vierge Marie. Les jeûnes généraux et particuliers, établis par les évêques dans les synodes et les conciles, doivent aussi être observés.

13. Siquidem ad necessaria jejunia tenentur doli capaces , cum et ipsi delinquere possint; dispensari tamen potest circa hoc cum impuberibus, et etiam constitutis in majori aetate, et cum senibus, et infirmis, ac debilibus. Mulieres vero, licet propter virorum prohibitionem jejunia votiva voluntaria dimittere debeant, prout supra dictum est, indicta tamen per Ecclesiam non licet, et si in illis sacerdos, forte propter scandalum cum eis valeat dispensare. Aliter enim indicta jejunia redimi pecunia, vel alio modo nequeunt, nisi casualis necessitas subsit; tunc enim bene possunt redimi, vel commutari, sicut et jejunium festi quod est die lunae fit in sabbato. Unde et in quibusdam locis in quibus sunt Ecclesiae sancti Quintini, non jejunatur in vigilia omnium Sanctorum, sed die tertia praecedenti: de hoc dictum est in Prooemio secundae partis. Posset etiam statui, ut quidam dicunt, un in dictis jejuniis bis, parum tamen, comederetur, sicut faciunt Cistercienses operantes, qui ad tollendum scandalum, et charitatem servandam, aliquid praegustant, nec 
propter hoc jejunium per Ecclesiam indictum solvere dicuntur. Voluntaria vero, scilicet ad quae aliqui voto vel proposito se adstringunt, vel etiam quae sacerdos praeter indicta propter peccata
imponunt, licet commutare et redimere, etiam si nulla causa subsit, dummodo utilior sit compensatio.

13. Sont astreints aux jeûnes nécessaires ceux qui on atteint l'âge de discrétion et qui sont capables de dol. Ils doivent jeûner, puisqu'ils peuvent pécher. Cependant, peuvent en être dispensés ceux qui n'ont pas atteint l'âge de puberté, ceux même qui sont dans un âge plus avancé, et aussi les vieillards, les malades et les gens d'un faible tempérament. Les femmes, quoiqu'elles doivent s'abstenir de jeûnes votifs quand leur mari le leur défend, comme nous l'avons dit ci-dessus, ne peuvent pas, cependant, se dispenser des jeûnes prescrits par l'Eglise, quoique le prêtre puisse par occasion les en dispenser, pour éviter le scandale. Autrement, les jeûnes prescrits ne peuvent être rachetés ni par argent, ni d'aucune autre manière, à moins qu'il n'intervienne une nécessité accidentelle, auquel cas ils peuvent être rachetés ou changés, comme, par exemple, un jeûne de fête qui tombe le lundi et qui se pratique le samedi. Ainsi, dans certains pays ou il y a des églises sous l'invocation de saint Quentin, on ne jeûne pas la veille de la Toussaint, mais l'avant-veille. Nous avons parlé de cela dans la préface de la seconde partie. On pourrait encore permettre, comme le disent quelques-uns, de prendre par deux fois quelque nourriture dans les jeûnes précités, comme font les moines
de Cîteaux, qui, pour éviter le scandale et conserver la charité, goûtent la moindre des choses, sans être censés pour cela rompre le jeûne prescrit par l'Eglise.

14. Ahem.

14. Les jeûnes volontaires sont ceux auxquels on s'oblige
par vœu et de propos délibéré , ou même ceux que les prêtres
imposent par pénitence en sus des jeûnes obligatoires; on peut
les échanger ou les racheter, même sans motif aucun, pourvu
que la compensation soit plus utile que le jeûne.

15. Caeterum, comedere ante horam comedendi, et ante Missam in jejuniis statutis, et necessariis, mortale peccatum esse sacri canones affirmant; in voluntariis vero veniale.

15. Au reste, manger avant l'heure du repas et avant la messe dans les jeûnes prescrits et d'obligation, d'après les saints canons, constitue un péché mortel, et véniel seulement si c'est un jeûne volontaire.

16. Circa vigilias Apostolorum, notandum est quod jejunium paritatis, quando videlicet paria sunt sanctorum merita, pariter jejunamus, sicut patet in vigiliis beatorum Jacobi et Bartholomaei, et aliorum Apostolorum, qui non habent jejunia institutionis, in quibus jejunamus pro eo quod fuerunt Apostoli, quoniam alii Apostoli vigilias habent. Cum enim sint meriti pares, decet ut omnes habeant jejunia; unde concilium Bracharense dicit, quod omnium Apostolorum vigiliae sunt jejunandae, praeter vigilias Apostolorum Philippi et Jacobi, et Joannis Evangelistae. Ecclesia tamen gallicana non tenet nisi de sex Apostolis, et de quatuor eorum jejuniis. Petrus et Paulus habent pariter unum, quia eadem die passi sunt. Simon et Judas habent aliud. Matthaeus habet tertium. Andraeas quartum. In vigilia istorum jejunandum est, ut sicut illi passi sunt pro Christi nomine, sic et nos cum eis compatiamur, si cum eis regnare velimus. De aliis vero Apostolis institutum non est propter aliqua impedimenta. Ecce enim festum Philippi et Jacobi est inter Pascha et Pentecosten, quod tempus gaudii est et laetitiae, ideoque tunc non est jejunium. Si opponatur de jejuniis litaniarum, respondetur quod necessitatis intervenit, prout ibi dicetur, vel id non est jejunium necessitatis, sed voluntatis, et de eo quod quidam propter Spiritus  sancti expectationem jejunant ab Ascensione usque ad Pentecosten, pro eo quod Apostoli dicuntur hoc tempore jejunasse.

16. Touchant les vigiles des fêtes des apôtres, il faut re marquer que nous observons le jeûne a pari quand les mérites des saints sont égaux, comme on peut le voir aux vigiles des fêtes des bienheureux Jacques et Barthélémy, et des autres apôtres qui n'ont pas de jeûnes d'institution, mais ou nous jeûnons cependant, parce qu'ils furent apôtres et parce que les autres apôtres ont des vigiles-jeûnes. Car, comme ils sont égaux en mérites, il convient que tous aient des vigiles-jeûnes; d'où le Concile de Brague dit que les vigiles de tous les apôtres doivent être vigiles-jeùnes excepté les vigiles des apôtres Philippe, Jacques et Jean l'évangéliste. Cependant l'Eglise gallicane ne célèbre la vigile que pour six apôtres et ne jeûne que quatre fois. Il n'y a qu'un seul jeûne pour saint Pierre et saint Paul, qui souffrirent le même jour. On en observe un autre pour saint Simon et saint Jude, un troisième pour saint Matthieu, y un quatrième pour saint André. Nous devons jeûner à la vigile des fêtes de ces apôtres, afin que, de même qu'ils ont souffert pour le nom du Christ, nous souffrions aussi avec eux, si nous voulons régner avec eux. On n'a pas institué de vigiles-jeûnes pour les autres apôtres, à cause de quelques empêchements. Car la fête de saint Philippe et de saint Jacques se trouve entre Pâques et la Pentecôte, temps de joie et d'allégresse; c'est pourquoi on n'y observe pas le jeûne. Si on nous objecte les jeûnes des Litanies ou des Rogations, nous répondrons que c'est par nécessité, comme on le dira en son lieu. Au reste, ce n'est pas un jeûne obligatoire, mais un jeûne volontaire. Si on nous objecte que quelques-uns, dans l'attente du Saint-Esprit, jeûnent depuis l'Ascension jusqu'à la Pentecôte, parce qu'on dit que les apôtres jeûnèrent en ce temps-là, nous répondrons:

17. Respondetur, quod nulla scriptura authentica dicit Apostolos tunc jejunasse; unde tunc jejunandum non est, quia tempus illud est de tempore paschali. In vigilia tamen Pentecostes bene jejunandum est, ut per jejunium mundati et purificati, Spiritum sanctum digne suscipere mereamur. Item, Jacobus Zebedaei frater Joannis Evangelistae occisus ab Herode in diebus azymorum, quare jejunium non habet, nec etiam tunc de illo festum celebratur, rout in septima parte, sub Ipsius festo dicetur. De beato Bartholomaeo, cujus festum celebratur nono calendas septembris, dicitur quod fuit excoriatus, et sequenti die obiit, et sic, si haberet vigiliam, oporteret quod esset tertia die ante, quod esset contra normam aliorum festivorum jejuniorum. Quidam autem celebrant festum excoriationis, alii obitus, et melius. Sed sicut in concilio Bracharenensi cavetur, in hoc consuetudo cujuslibet Ecclesiae est observanda.

17. Que nulle écriture authentique ne dit que les apôtres jeûnèrent en ce temps; c'est pourquoi on ne doit pas jeûner alors, parce que ce temps appartient au temps pascal. Cependant, à la vigile de la Pentecôte, nous devons jeûner et avec raison, afin que, purifiés et épurés par le jeûne, nous méritions de recevoir dignement le Saint-Esprit. De même, Jacques, fils de Zébédée, frère de Jean l'évangéliste, fut tué par Hérode pendant les azymes, et, pour cette raison, n'a pas de jeûne; on ne célèbre même pas sa fête alors, comme on le dira dans la septième partie, à sa Fête. Pour ce qui est du bienheureux Barthélémy, dont la fête est célébrée le neuvième jour des calendes de septembre, on dit qu'il fut écorché vif et mourut le jour suivant; et ainsi, s'il avait une vigile, il faudrait qu'elle fût célébrée l'avant-veille, ce qui serait contre la règle des jeûnes des autres festivités. Mais certains célèbrent la fête de son excoriation; d'autres, et avec plus de raison, la fête de sa mort; mais, comme on l'a dit dans le Concile de Brague, en cela chaque église doit conserver ses usages.

18. Barnabas autem non habet jejunium, quia non est de numero duodecim Apostolorum, nec dicitur Apostolus, nisi quia cum esset socius Pauli, missus etiam fuit ad praedicandum, unde: Segregate mihi Saulum et Barnabam (Act 13) . De beato quoque Thoma non est jejunium statutum, quia ejus festum est in adventu Domini, ubi continuum est jejunium. Matthias etiam jejunium institutionis non habet, quia frequenter festum illius solet contingere in Quadragesima, et semper est in Septuagesima, et tunc est tempus jejunii; vel quia non fuit in primitivis Apostolis, sed post passionem Domini sorte est electus, et per electionem aliorum loco Judae constitutus, unde Propheta: Et episcopatum ejus accipiat alter (Ps 108). Decretalis tamen dicit, quod hic habet vigiliam et jejunium, nec est vis, sive istud festum fiat in prima die bissextili, sive in secunda, prout in octava parte, sub Anno solari dicetur. Joannes Evangelista festum habet tertia die post Natale Domini, et tunc non est jejunium, tum propter festa tunc occurrentia, tum quia ipse die illa non obiit, imo in die festi beati Joannis Baptistae.


18. On n'observe pas le jeûne pour saint Barnabe, parce qu'il n'est pas au nombre des douze apôtres; et il n'est appelé apôtre que parce qu'il était compagnon de Paul et qu'il fut aussi envoyé pour prêcher l'Evangile; de là ces paroles: Segregate mihi Barnabam et Paulum, Choisissez-moi Barnabe et Paul. Il n'y a pas non plus de jeûne établi pour le bienheureux Thomas, parce que sa fête se trouve dans l'Avent du Seigneur, qui est un jeûne continuel. Saint Matthias n'a pas non plus de jeûne d'institution, parce que sa fête arrive souvent dans le Carême, ou bien coïncide toujours avec la Septuagésime, temps de jeûne, ou bien encore parce qu'il ne fut pas au nombre des apôtres primitifs, mais élu après la passion du Seigneur et remplaça Judas par le choix des autres apôtres; d'où le Prophète dit: Un autre recevra son épiscopat. Cependant on lit dans la Décretale qu'il a une vigile-jeûne, ce que nous accordons, soit que cette fête se célèbre au premier jour bissextile, soit au second, comme nous le dirons dans la huitième partie, au chapitre de l'Année solaire. La fête de saint Jean l'évangéliste se trouve le troisième jour après la Nativité du Seigneur; et alors on ne jeûne pas, tant à cause des fêtes qui coïncident avec ce jour que parce que saint Jean ne mourut pas ce jour-là. On ne jeûne même pas à la fête du bienheureux Jean-Baptiste.


19. Si tamen fieri posset, bonum esset in omnibus Apostolorum vigiliis jejunare.

19. Si, cependant, on pouvait le faire, il serait bon de jeûner à toutes les vigiles des apôtres.


20. Beatus Laurentius solus inter martyres, et solus beatus Martinus inter confessores jejunium habent. Porro, dicunt quidam, quod non solvit jejunium, licet peccet qui in jejuniis indictis praeter quam in Quadragesima comedit caseum et ova. Alii contradicunt. Ex causa tamen in aliquibus locis hoc posset concedi (4. dist. Deinde.). De jejunio itaque Quadragesimae Gregorius ita dicit: Par autem est, ut qui his diebus a carne animalium abstinemus, ab omnibus quoque quae sementinam trahunt originem carnis jejunemus, a lacte, videlicet, caseo et ovis. Quidem autem haeretici dicunt, quod christiani nunquam deberent carnes, caseum, et ova comedere, quia, ut dicunt, hoc non legitur in novo Testamento; imo Apostoli judicarunt abstinere ab immolatis simulachrorum, et sanguine, et suffocato (Act 15); et Apostolus: Si esca scandalizat fratrem meum, non manducabo carnem in aeternum (I Corinth 8), et alibi: Bonum est non manducare carnem, et non bibere vinum, etc. (Rom 14). Non legitur etiam, ut dicunt, quod Christus ex aliqua natura eorum quae moventur discipulis ad manducandum daret, nec etiam ante se manducare sineret praeter pisces, nec ex fructu alicujus quae moveat se, excepto fructu apum. Electuariis vero non aliter uti licet, nisi sicut alio cibo delicato. Secus est in medicina curativa; praeservativam tamen, ubi nullum est signum instantis necessitatis, recipere non licet. Quidam tamen dicunt, quod pro nulla medicina, nec etiam pro electuariis jejunium solvitur, nec etiam pro potu ante cibum, vel post. Sic enim videtur inductum ex consuetudine Ecclesiae jejunantis, et hoc tolerantis.


20. Le bienheureux Laurent, parmi les martyrs, et le bienheureux Martin, parmi les confesseurs, ont seuls une vigile-jeûne. Or, certains prétendent que l'on ne rompt pas le jeûne, quoique l'on pèche en mangeant du fromage et des œufs pendant les jeûnes prescrits, si l'on en excepte le Carême. D'autres disent le contraire. Cependant, et pour cause on pourrait faire cette concession dans certaines localités (4 dist. Deinde). Saint Grégoire parle ainsi touchant le jeûne du Carême: 'Nous devons, pendant ces jours nous abstenir des animaux et également de toute nourriture qui provient de la chair, comme le lait', et, par conséquent, le fromage et les œufs. Certains hérétiques disent que les chrétiens ne devraient jamais se nourrir de chair, de fromage et d'œufs, parce que, disent-ils, on ne parle pas de ces mets dans le Nouveau-Testament. Bien plus, les apôtres jugèrent convenable de s'abstenir des viandes qu'on immolait aux idoles, du sang et de la chair des animaux suffoqués. Et l'apôtre saint Paul dit: Si donc ce que je mange scandalise mon frère, je ne mangerai plutôt jamais de chair toute ma vie. Et ailleurs: Il est bon de s'abstenir de chair et de vin, etc. On ne lit point non plus, disent-ils, que le Christ ait donné à ses apôtres des aliments provenant d'êtres vivants, ni même qu'il leur ait permis d'en manger en sa présence, si l'on en excepte le poisson, ni même des productions de quelque animal, excepté le miel des abeilles. Il n'est pas permis d'user d'électuaires, à moins qu'on ne les prenne pas comme nourriture ordinaire. Il n'en est pas de même dans la médecine curative et préservative. Cependant, quand il n'y a aucune marque de nécessité pressante, il n^est pas permis de prendre l'électuaire. Cependant quelques-uns prétendent que le jeûne n'est rompu par aucun remède médicinal, ni par l'électuaire, ni par la boisson prise avant ou après le repas.


21. Senescalchi autem, vel quilibet alii servitores, vel portantes encaenia, non solvunt jejunium, si praegustant cibos ante dominos, forte de toxico dubitantes. Quibus etiam casibus monachi abbatibus servientes, et alii servitores possunt carnes praegustare. Idemque etiam de medicis praegustantibus medicinas. Tempore jejuniorum praetiosae vestes deponuntur, et humiles assumuntur, et carnes tam solidae, quam liquidae dimittuntur.

21. Car tel est l'usage établi dans les jeûnes de l'Eglise qui le tolère. Or, les sénéchaux ou tous autres serviteurs, ou ceux qui portent les mets, ne rompent point le jeûne en goûtant ces mets avant leurs maîtres, quand par hasard ils soupçonnent la présence du poison. Dans ce même cas, les moines qui servent les abbés, et les autres serviteurs peuvent aussi goûter avant les viandes. Il en est de même des médecins qui goûtent auparavant les médecines destinées aux malades. Dans le temps des jeûnes, on quitte les habits précieux pour revêtir des vêtements plus modestes, et on ne mange de viandes ni solides ni liquides.


22. Sed cum pisces sint caro, quare hoc tempore comeduntur? Responsio: Deus non maledixit aquis, quoniam per aquam baptismi futura erat remissio peccatorum; hoc enim elementum dignissimum est, quod sordes abluit, et super quod spiritus Domini ante mundi constitutionem ferebatur, terrae vero maledixit in operibus hominis; unde est, quod omne genus carnis, quod in terra versatur, tam quadrupedia, quam aves, in jeujniis non licet comedere. Et licet quaedam aves circa mare versentur, et in aquis quaedam in eis vel ex eisdem nascantur, magis tamen ad naturam terrae, a qua nutrimentum percipiunt, ad hoc pertinere dicuntur. Adhuc cum quidam pisces sint habentes ex una parte formam quadrupedis animalis, et ex altaria piscis, biverus in jejuniis potest commedi ex parte, quae piscis videtur, ex alia vero minime. Adhuc piscis usus secundum 
Gregorium, ita christiano relinquitur, ut hoc et infirmitatis solatium non luxuriae pariat incendium. Denique qui carne abstinet, nequaquam sumptuosiora maritimarum belvarum convivia praeparet. Vinum quoque in jejunio sic bibere permittitur, ut ebrietatem omnino fugiamus; unde in poenitentiali romano statutum est, ut poenitens parvis pisciculis, et mediocri cervisia tempera te utatur (Extra. De homic. 2). Postremo, dotandum est, quod, sicut ait Gregorius, in homilia illius Evangelii: Homo quidam dives fecit coenam magnam, refectio corporis in diebus jejuniorum postquam nulla alia paratur, non prandium, sed coena vocatur.

22. Mais, puisque les poissons sont de la chair, pourquoi en mange-t-on dans ce temps? Voici la réponse: Dieu n'a pas maudit les eaux, puisque par l'eau devait avoir lieu la rémission des péchés dans le baptême. Car cet élément est le plus digne, puisqu'il lave les impuretés, et que l'esprit de Dieu, avant la création du monde, était porté sur les eaux; mais il maudit la terre dans les œuvres des hommes; c'est pourquoi toute chair qui se trouve sur la terre, tant de quadrupèdes que d'oiseaux, ne peut être mangée dans le jeûne; et, bien que certains oiseaux vivent autour de la mer et dans les eaux, et que quelques-uns naissent dans les eaux ou même des eaux, cependant ils sont censés appartenir principalement à la terre dont ils tirent leur nourriture. En outre, connue certains poissons participent à la nature du quadrupède et du poisson, on peut dans les jeûnes manger la partie de la loutre [otter, ahem] qui participe de la nature du poisson mais non pas l'autre. L'usage du poisson, selon saint Grégoire, a été laissé au chrétien comme un adoucissement dans son infirmité, et non pour engendrer l'incendie de la luxure. Enfin, celui qui veut faire abstinence de chair ne doit point préparer de somptueux festin, en prenant les poissons les plus beaux et les plus délicats de la mer. On doit aussi, dans le jeûne, user du vin de manière à éviter entièrement l'ivresse. C'est pourquoi , dans le Pénitentiaire romain, il a été décrété qu'on ne devrait user, et avec modération, dans le temps de la pénitence, que de très-petits poissons et de petite bière. Enfin, il faut remarquer, comme le dit saint Grégoire dans l'homélie de cet évangile: Homo quidam fecit cœnam maynam, Un homme riche fit un grand festin, que, dans les jours de jeûne, la réfection du corps, quand on ne fait aucune autre préparation, n'est pas appelée prandium mais cœna.



LDVM


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